Comment la respiration peut-elle nous aider à identifier les personnes ayant un risque élevé de crise respiratoire avec la COVID-19 ?
L’étude de la respiration et la mesure du temps d’apnée du patient offrent une nouvelle possibilité d’identification des personnes ayant un plus gros risque de crise respiratoire avec la COVID-19 (Messineo et al., 2021)Certains patients hospitalisés pour la COVID-19 souffrent d’insuffisance respiratoire.
Ils ont besoin d’une assistance ventilatoire et de soins intensifs.
Et parfois, leur insuffisance respiratoire entraîne la mort.
D’autres patients guérissent spontanément, sans tomber gravement malades.Mais pourquoi certains patients se détériorent-ils après admission alors que d’autres se rétablissent avec une intervention minimale ?Une nouvelle étude (Messineo et al., 2021) publiée en Juin 2021 dans Critical Care par le spécialiste du sommeil et des voies respiratoires nous apporte quelques éléments de réponses. Ludovico Messineo, et ses collègues en Italie et en Australie, ont confirmé une nouvelle façon d’identifier les patients à risque afin que les médecins puissent prioriser leur traitement.La réponse serait donc de chercher un lien entre la respiration, l’hypoxie et la tolérance au CO2.L’équipe de recherche en Italie a testé 57 patients hospitalisés à la COVID-19.
Dans le même laps de temps, des scientifiques de Melbourne ont étudié 24 témoins sains.
Ils ont utilisé une technique d’apnée simple et non invasive afin de tester leur hypothèse selon laquelle les résultats indésirables sont indépendamment associés à:
(1) une plus grande désaturation moyenne en oxygène pendant une apnée de 20 secondes
(2) une chimiosensibilité réduite au CO2
Il est connu que l’un des facteurs de risque les plus constants pour les résultats indésirables de la COVID-19 est une saturation de base en oxygène du sang (SpO2) inférieure.
Et qu’une faible SpO2 reflète un mauvais échange gazeux (ventilation/perfusion).
Mais il s’agit ici de la première étude à examiner l’effet sur la SpO2 lorsqu’un défi ventilatoire (respirant) est ajouté.Les résultats ont montré qu’il est possible d’utiliser la technique de l’apnée afin d’identifier les personnes susceptibles de tomber gravement malades à cause de la COVID-19.Plus précisément, les chercheurs ont démontré que lorsque la désaturation en oxygène diminuait de manière significative pendant l’apnée, le risque de maladie grave était plus élevé.
Une plus grande durée d’apnée maximale (ajustée pour la saturation en O2 de base) était également un facteur de risque.
Cela suggère que le contrôle ventilatoire peut être un « biomarqueur cliniquement important pour identifier le risque d’insuffisance respiratoire ultérieure, quels que soient les mécanismes sous-jacents ».
Ceci est cohérent avec « l’hypoxémie silencieuse » ou la désaturation en oxygène sans essoufflement, observée chez certains patients atteints de la COVID-19.
L’étude conclut que l’apnée révèle une diminution plus importante des échanges gazeux liée à la maladie chez les patients qui évoluent vers une maladie grave.
En révélant une susceptibilité à une désaturation rapide en oxygène et à une perte de sensibilité au CO2, le test d’apnée offre aux médecins un moyen simple d’identifier quels patients ont besoin de soins prioritaires.
NB: on parle ici d’une perte de sensibilité au CO2 anormale liée donc à une apnée involontaire sans alerte physiologique, donc dangereuse. On ne parle pas ici d’une capacité saine de tolérance au CO2 et donc des capacités d’apnée plus élevées qui sont deux facteurs à développer sans crainte et très bénéfiques pour notre santé.
Il y a un lien important entre notre façon de respirer au quotidien, la santé de nos voies respiratoires et notre capacité à récupérer des crises respiratoires, des infections, de virus et bactéries.
Apprendre à bien respirer est toujours une aide et une force pour préserver la santé de nos poumons, notre santé et notre vitalité.
Retrouvez l’article complet ici: https://ccforum.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13054-021-03630-5